Vidéoprotection, bouton d’alerte : comment le gouvernement prévoit de mieux protéger les agents du service public ?

Actualité publiée le 28/09/2023 à 11h23
Vidéoprotection, bouton d’alerte : comment le gouvernement prévoit de mieux protéger les agents du service public ?

Rendre possible le dépôt de plainte par l'administration lorsque ses agents fonctionnaires se font le cas échéant agresser, voilà l'évolution législative qu'envisage le gouvernement. 
L'objectif est de fournir plus de protection aux agents publics. A noter qu'une priorité est faite à l'endroit de ceux qui se trouvent aux guichets. D'après les termes du ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini, cette action obéit à une certaine vision : "de ne jamais laisser les agents seuls face aux difficultés, aux menaces, aux violences." 

Partant du constat que les guichets de nos administrations sont de nos jours sujets à un phénomène de décivilisation, une évolution législative est présentée comme une nécessité. Celle-ci se traduira par la mise en œuvre d'une possibilité pour l'administration de déposer plainte pour le compte des agents publics agressés.

 

Renforcement de la plainte

Jusque-là, en absence d'une atteinte matérielle à l'équipement ou au bâti, la possibilité pour l'administration de déposer plainte lorsqu’un usager blessait un agent était inexistante. En renversant la donne, le ministre espère que cela contribuera à mettre en avant "le soutien à l’agent, de lutter contre l’autocensure de l’agent et de renforcer la plainte". 

Cette nouvelle disposition est prévue s'intégrer à la réforme prochaine de la Fonction publique. Stanislas Guerini justifie davantage la mesure en rapportant le caractère quelquefois parcellaire des chiffres. En même temps, mes outils permettant de connaître les réalités et de réagir face à elles ne seraient pas tout le temps disponibles. C'est pourquoi, la solution est de faire montre de prévention.

Dans cette ligne d'idée, le ministre confie donc son projet déployer plus rapidement du matériel, des boutons d’alerte et des caméras de vidéo protection. A ce titre, c'est alors un budget de 1 million d’euros qui a été débloqué en vue de l'accélération du déploiement. Le travail conjoint avec tous les réseaux administratifs se poursuit afin d'établir dans les plus brefs délais le diagnostic rendant compte des besoins et permettant du même coup l'équipement.

 

Différentes formes de protection : boutons d’alerte, vidéo protection…

La "protection fonctionnelle" est appelée à s'étendre aux ayants droit, incluant le conjoint ou la famille. Le ministre souligne l'utilité d'inscription de la disposition dans la loi. Elle a pour but de "protéger les agents publics contre les attaques ou les mises en causes pénales dont ils peuvent être l’objet dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions ". 

Parmi les avantages que cette mesure apporte aux agents publics figure la prise en charge des frais de justice par l'administration employeur. Le soutien médical ou psychologique de l’agent, ou encore une aide au changement de numéro de téléphone rentrent dans les prestations assurées par cette dernière. Tout cela reste valable même quand ces besoins répondent à des soucis de prévention.

Les dispositifs de sécurisation seront d'ailleurs renforcés. Cela prendra la forme de boutons d’alerte et de caméras de vidéoprotection. Pour ce faire, une enveloppe d’un million d’euros est débloquée, ainsi qu’un « baromètre » annuel. Le lancement du tout commencera dès que l'année 2024 pointera le bout de son nez.

 

Violences quotidiennes, renforcement du vote RN

Le gouvernement voit un enjeu politique dans les violences quotidiennes. Cela se traduit par le renforcement du vote Rassemblement national.

En consultant les analyses dans l'intervalle 2017 et 2022, on a en effet relevé la progression de Marine Le Pen au second tour. Elle équivalait à environ 10 points dans toutes les catégories de fonctionnaires. C'est une note du Cevipof, le Centre de recherches politiques de Sciences Po qui a partagé cette information. 

Stanislas Guérini n'a donc pas manqué de partager son indignation en rappelant la succession de ces violences qui n'arrêtait pas de se produire ces derniers temps. "C’est une insulte, une menace, une incivilité, un coup et parfois le pire, comme cette professeure qui a été assassinée à Saint-Jean-de-Luz, cet agent du fisc, cette soignante dans un hôpital… " 

Les chiffres qu'il rapporte révèlent un nombre de 35 000 soignants victimes d'agressions au cours de l'année dernière au niveau des hôpitaux. Du côté des caisses d’allocations familiales, on a relevé plus de 12 000 personnes. Ce chiffre dépasse de 2 000 celui qui a été enregistré l’année précédente. Ces agressions directes des fonctionnaires, des agents de guichets, se trouvant en première ligne, sont jugées inacceptables et insupportables, toujours d'après le ministre.